Pascal Tassini
Fréquentant l’atelier du Créahm (Belgique), depuis plus de trente ans, Pascal Tassini s’y est fabriqué sa propre maison, faite d’objets liés les uns aux autres par des chapelets de nœuds en tissu. Comme chez Schwitters, le Merzbau de Tassini est protéiforme et évolutif. Ce « mari caché d’Annette Messager » ( Léa Chauvel-Lévy) produit, avec un processus similaire, les différents éléments nécessaires à la noce somptueuse dont il rêve, de la robe de mariée aux boutonnières. Présenté, en 2019, dans l’exposition extravaganza de la collection Treger Saint Silvestre, Pascal Tassini fait notamment partie des collections du Madmusée (Belgique) et de la Pinacothèque Hervé Lancelin (Luxembourg).
Issu d’une famille de trois enfants, Pascal Tassini, né en Belgique en 1955, a vécu avec ses parents jusqu’à leur mort. Son frère cadet le prend ensuite en charge et lui fait intégrer les ateliers du Créahm à Liège en 1986.
Maniaque du rangement, Pascal se contente les premiers temps de mettre de l’ordre dans l’atelier, jusqu’à ce qu’il tombe en arrêt devant la reproduction d’une sculpture dans un catalogue d’exposition d’art africain. Il se met alors à modeler la terre, puis essaie le dessin et la peinture. Dans le même temps, il commence à dérober des chaises, des matériaux, avec lesquels il s’érige une cabane, à l’intérieur même de l’atelier, dont la structure évolue constamment suivant les objets - reçus en cadeau ou glanés – qu’il y accumule, liés entre eux par un enchevêtrement de tissus (habits de travail de ses compagnons d’atelier) noués les uns aux autres. Teresa Maranzano compare cet espace intime au Merzbau de Kurt Schwitters. Son antre accueille les visiteurs à condition de passer au préalable une visite médicale. Vêtu d’une blouse blanche, le docteur Tassini, comme il se présente, prend le pouls et guérit tous les maux.
Depuis 10 ans, la création de Pascal Tassini n’est plus que textile, oscillant entre la confection de vêtement – robes de mariée, coiffes -, l’habillage de sa cabane ou les emballages d’objets comme le faisait Judith Scott. Il noue un réseau de lambeaux d’étoffes aux nombreuses excroissances et écrit également des missives en répétant la même lettre qu’il signe de deux anneaux entrelacés.
Préface : Léa Chauvel Lévy
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Pascal Tassini : nexus, du 2 novembre au 2 décembre 2017.