Henriette Zephir
Henriette Zéphir, artiste médiumnique française, s’est consacrée entièrement, et ce pendant un demi-siècle, à « son guide » intérieur, pour lequel elle n’a cessé de créer. Ses dessins captivent dans leur composition globale singulière mais aussi dans la force du détail. À mi-chemin entre le pointillisme, l’abstraction géométrique et le fauvisme, son œuvre témoigne d’un modernisme éclairé. Découverte par Jean Dubuffet, elle fut présentée, dès 1967, dans l’exposition historique d’art brut au Musée des Art Décoratifs. Aujourd’hui, son œuvre fait partie de la collection du musée d’art moderne (pompidou) et des plus grandes collections d’art brut au monde, comme celle d’Arnulf Rainer, tandis que la galerie lui consacrait une monographie en 2010.
Henriette Zéphir est née en 1920 près de Toulouse. Ses parents travaillant loin de son village d’origine, elle est élevée par ses grands-parents. Bien qu’ayant reçu une éducation religieuse, elle n’est ni pieuse ni pratiquante. Mariée à un Martiniquais en 1941, le couple part pour les Antilles, cependant, au cours du voyage, les jeunes époux sont bloqués à Casablanca, où nait leur première fille. Son mari mobilisé, Henriette reste 2 ans et demi seule au Maroc. Après la guerre, ils rejoignent finalement la Martinique, néanmoins, Henriette ne s’adapte pas, se sent constamment en exil : elle se sépare de son mari vers 1956 et s’installe à Nice.
Le 1er mai 1961 se manifeste pour la première fois son « guide », dès lors, Henriette s’adonne à ce qu’elle appelle « l’occulte ». L’exigence extrême du guide s’exprime de diverses manières : lors de séances de dessin, le stylo se pose quelque part sur la feuille et ne s’en détache qu’une fois tout l’espace rempli. D’autres fois, il lui impose des séances de prostration, couchée par terre ou à genoux durant des heures, il lui dicte des messages qu’elle doit scrupuleusement noter. Henriette se considère comme l’instrument de ces forces de l’au-delà et paraît circonspecte qu’on puisse qualifier ses productions d’art. Repérées par Jean Dubuffet lui-même, ces créations médiumniques au détail surprenant, aux couleurs osées, à la composition singulière, parfois figurative, mais bien souvent abstraite, où se mêlent courbes, pointes, formes géométriques, furent exposées dès 1967, au Musée des Arts Décoratifs, première exposition d’art brut ouverte au grand public.
Préface : Alain Bouillet
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition Henriette Zéphir : une femme sous influence, du 4 février au 5 mars 2011.
Co édité avec les éditions Le livre d’art, 2010.