Luboš Plný
Figure reconnue de l’art brut contemporain, cet artiste tchèque est fasciné par l’iconographie médicale. Expert des arcanes de l’anatomie, il s’adonne – lorsqu’il ne dessine pas - à toutes sortes de performances rappelant les actionnistes. En testant les limites de l’existence physique, il conjure la mort et sublime ainsi la vie dans ce qu’elle a de plus organique. Ses œuvres extrêmement détaillées à l’encre de Chine et à l’acrylique sont entrées en 2013 dans les collections du Musée National d’Art Moderne (Paris) et furent notamment exposées à plusieurs reprises à la Maison rouge puis lors de la biennale de Venise 2017.
Luboš Plný se consacre dès l’enfance à ses deux passions : le dessin et l’anatomie. Sa fascination pour le corps l’a conduit à effectuer toutes sortes d’expériences sur lui-même, l’a rendu expert dans les arcanes de l’anatomie, dans les circulations des fluides et sécrétions. Dessiner l’un de ses organes le conduirait à une forme de méditation sur les limites de son existence physique, une manière de conjurer la mort, de sublimer la vie.
« On repère dans ses dessins organiques, à la fois précis et fantaisistes sur le plan anatomique, un goût presque inquiétant de la décomposition et de la dissection », écrivait Roxana Azimi en 2012. Luboš Plný est le premier artiste brut à avoir fait l’objet d’une acquisition par le Musée national d’art moderne en 2013. Dans ses travaux à l’encre de Chine retravaillés à l’acrylique et souvent agrémentés de matières organiques, Plný - qui est persuadé que dessiner l’un de ses organes l’amènerait à une forme de méditation sur les limites de son existence physique - livre dans un protocole conjuratoire ses études anatomiques codifiées à l’extrême.
Fils unique d’une mère possessive, Luboš Plný se consacre dès l’enfance à ses deux passions : le dessin et l’anatomie. Il adore disséquer les animaux. Ce goût ne le quittera jamais. Celui qui, lors de son service militaire, fut transféré en hôpital psychiatrique, se mit alors à étudier avec beaucoup de sérieux la littérature médicale et psychiatrique. Fasciné par les corps en décomposition, il passe un diplôme de fossoyeur mais est surtout employé comme modèle à l’Académie des Beaux-Arts de Prague. D’où le tampon avec lequel il « signe » toutes ses oeuvres « Luboš Plný, modèle académique ». Il note également sur ses dessins les jours et le nombre d’heures passés à y travailler.
Découverte majeure de l’art brut, Luboš Plný a notamment fait l’objet d’une exposition au Japon en 2012 au Hiroshima City Museum of Contemporary Art et au Hyogo Prefectural Museum of Art de Kobe. Il a été montré récemment à deux reprises à la Maison rouge dans les expositions : Le Mur, oeuvres de la collection Antoine de Galbert et art brut, collection abcd/Bruno Decharme.

Préface : Stéphane Corréard
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Soit 10 ans : états intérieurs, du 12 septembre au 10 octobre 2015.