Janko Domsic
Démiurge, constructeur, ordonnateur. C’est dans son dortoir de fortune non loin du cimetière de Montmartre, à Paris, que cet exilé croate réalisait ses compositions célestes emplies de symboles religieux, politiques et maçonniques. « Mes écrits sont codés. » Ses dessins, comme les textes qui les accompagnent, répondent à un système très élaboré. Magnifié dans l’exposition art brut, collection abcd / Bruno Decharme, en 2015, à la maison rouge (Paris), ses œuvres figurent dans toutes les grandes collections d’art brut, publiques et privées, du monde.
Janko Domsic est né à Malunje (Yougoslavie) en 1915. On sait très peu de choses sur sa vie, sinon qu’il arrive en France dans des circonstances obscures, qu’il aurait peut-être séjourné en prison et qu’il travaille quelques temps à la construction du chemin de fer à Pont-sur-Yonne. A Paris, du côté de la place de Clichy, il vit très pauvrement.
Domsic dessine et écrit abondamment : thèmes religieux, politiques, maçonniques. “Mes écrits sont codés” disait-il, chaque lettre d’un mot formant un autre mot et chaque symbole faisant partie d’un système de codification personnel.
Inventeur génial de nombreux néologismes, il écrit en français – bien que des mots croates ou allemands se glissent parfois – et parle de lui à la troisième personne. Son écriture au crayon de couleur, au stylo à bille ou au feutre suit le dessin de façon perpendiculaire ou circulaire, c’est selon. La géométrisation des figures tout à fait singulière produit une tension totale qui soutient toute la composition et engendre un univers de personnages anonymes et désincarnés.
Ainsi qu’en atteste un document de la préfecture de police, il se faisait appeler Janko Bonsang Halleluya Domsic. Il s’éteint en 1983, emportant avec lui les secrets de son art et laissant derrière lui une belle postérité puisque son œuvre magistrale figure actuellement dans les plus grandes collections d’art brut au monde.
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Janko Domsic : le mécanicien céleste, du 17 octobre au 22 novembre 2008. Edition revue et augmentée en 2018.