August Walla
Après une enfance tourmentée et une adolescence turbulente, August Walla est diagnostiqué schizophrène et est finalement admis – avec sa mère - à l’hôpital de Gugging, près de Vienne, en 1970. Devenu pensionnaire de la Maison des artistes, il y restera jusqu’à la fin de ses jours. S’exprimant à travers la photographie, l’installation, le détournement d’objets et la dactylographie de manifestes, l’écriture et le dessin sont devenus indissociables dans son oeuvre. Figure incontournable de l’art brut, collectionné par David Bowie, Walla est présent dans un grand nombre de collections à travers le monde, dont celles du MoMa (New York), du Milwaukee Art Museum (Wisconsin), de la collection de l’art brut de Lausanne (Suisse) et du Musée national d’Art moderne (Pompidou).
Né à Klosterneuberg en Basse-Autriche, August Walla reste fils unique et vit une relation fusionnelle avec sa mère qui l’élève comme s’il était une fille, espérant ainsi lui épargner d’être enrôlé dans l’armée. Il imagine longtemps qu’Hitler est son père, n’ayant pas connu le sien mort dans sa petite enfance. Incapable de s’accoutumer à l’école, il est placé dans une institution spécialisée. A l’âge de neuf ans, après avoir vécu l’expérience traumatisante de perdre le sommeil pendant trois mois, il écrit dans ses cahiers d’école : « Tout ce qui est rouge est diabolique ».
Souffre-douleur de ses camarades, il reste sans défenses, regrettant de ne pas être une fille. A seize ans, après avoir menacé de se suicider et de mettre le feu à sa maison il est interné pendant quatre ans dans un hôpital psychiatrique où on le diagnostique schizophrène. A sa sortie, sa mère se dévoue entièrement à son service. Mais en 1970, August est de nouveau admis en psychiatrie, à l’hôpital de Gugging près de Vienne. Seize ans plus tard, il devient l’un des pensionnaires de la Maison des artistes (Haus der Künstler) créée quelques années plus tôt par le docteur Navratil en marge de l’hôpital où il restera jusqu’à la fin de ses jours.
Comme Wölfli, Walla a rempli des pages d’écriture et lorsque la feuille de papier s’est révélée trop étroite, il a recouvert les murs de sa chambre de dessins et d’inscriptions. Parfois il peignait même sur les arbres ou sur les routes, pour ensuite photographier ses messages avec une caméra repeinte en vert parce qu’il détestait le noir. Walla inventait sans cesse des langages imaginaires inspirés par la lecture de dictionnaires de langues étrangères. Ecriture et dessin sont indissociables dans son œuvre, pétrie de symboles obsessionnels et qui se déroule comme un continuum, dont chaque partie serait inséparable de l’ensemble.
August Walla est considéré depuis près de 25 ans comme un « classique » de l’art brut et figure, à ce titre, dans les plus importantes collections publiques et privées.
Préface : Johann Feilacher
Avant-propos : Christian Berst
Publié à l’occasion de l’exposition August Walla : ecce walla, du 18 avril au 23 mai 2015.