Miroslav Tichý
Formé à la peinture académique, Tichý ne s’adonne secrètement à la photographie qu’à partir de 1970. Obsessionnel, pour ne pas dire fétichiste, il photographie des femmes à la dérobée avec l’appareil qu’il s’est fabriqué. Ses clichés flous, parfois rehaussés d’une bordure au stylo, font partie d’un processus immuable, auquel il s’astreint jusque dans les années 1990. Découvert par Roman Buxbaum, il est très vite soutenu par Harald Szeemann. En 2005, il reçoit le prix de la découverte aux Rencontres d’Arles et se voit consacrer, 3 ans avant sa mort, une grande rétrospective au Centre Pompidou. En 2019, il est de nouveau présenté à Arles dans l’exposition évènement, Photo brut.
Miroslav Tichý a entamé une carrière de peintre, marqué par les influences de Picasso, Matisse et des expressionnistes allemands. La prise du pouvoir par les communistes en 1948 le conduit à revenir dans sa ville natale de Kyjov. Il délaisse la peinture et s’initie, au milieu des années cinquante, à la photographie, qu’il réinvente en construisant ses propres appareils à partir de matériaux qu’il récupère : tubes en carton, boîtes de conserve, verres optiques poncés avec du dentifrice et des cendres de cigarettes…
Pendant trente ans, dans l’isolement, il réalise quotidiennement des dizaines de clichés sous ou sur-exposées, ayant pour sujet principal et obsessionnel les femmes de Kyjov. Il développe ses photos comme il peut et les retouche au crayon. Son comportement volontairement marginal lui vaut des difficultés avec les autorités. Il est interné en établissements psychiatriques à plusieurs reprises et finit par être expulsé de son atelier en 1972.
Son travail, découvert à la fin des années 90 est rapidement reconnu. Il sera notamment exposé au Kunsthaus de Zurich (2005) et le centre Pompidou à Paris lui a consacré une retrospective en 2008.
Préface : Jean-Hubert Martin
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Sur le fil, du 9 avril au 22 mai 2016.