Misleidys Francisca Castillo Pedroso
Cette artiste cubaine n’a d’autre moyen d’expression que sa création : des personnages aux corps bodybuildés, auréolés de scotch brun. Véritable communauté constituée d’hommes, de femmes, d’hermaphrodites et de faunes à travers laquelle Misleidys construit sa socialité. Découverte par la galerie en 2014, elle a été présentée dans plus de 10 expositions internationales depuis 2018 dont New Images of Man à Los Angeles, Flying High à Vienne, Independent à New York. Plébiscitée par Matthew Higgs et Karen Wong (New Museum, NYC), elle a fait l’objet de récentes recensions dans le New York Times et Art in America.
Son œuvre fait notamment partie des collections du Musée national d’Art moderne (Pompidou).
Misleidys Castillo Pedroso est née en 1985, non loin de de la Havane, avec un déficit auditif sévère. La petite fille présentant un retard dans son développement et sa mère la place à cinq ans dans une institution spécialisée. Mais à mesure que les symptômes de l’autisme se précisent, elle doit la quitter. Elle vit alors chez elle, dans un isolement social total hormis les liens qu’elle entretient avec sa mère et son jeune frère. Misleidys montre un attrait particulier pour les crayons de couleur et la peinture à l’eau, qu’elle utilise pour se divertir.
Un jour, elle commence à peindre des silhouettes masculines aux traits de visage marqués et aux muscles saillants. Elle augmente progressivement leur taille jusqu’à ce qu’ils dépassent l’échelle humaine, et se met à en découper le contour pour le coller sur les murs de sa chambre, puis sur ceux des autres pièces de la maison, en les appliquant avec des languettes de scotch brun. Ne s’exprimant pour ainsi dire pas sur le sens de sa production, son œuvre, d’une forte présence plastique, reste absolument énigmatique.
Son entourage prétend que Misleidys présente également d’exceptionnelles capacités de voyance et de clairvoyance, héritées de sa mère, et qu’il n’est pas rare de la surprendre en train de « converser » par gestes avec ses œuvres - signe que celles-ci sont détentrices d’un pouvoir qui dépasse la seule fascination qu’elles exercent sur le regardeur.
Karen Wong, du New Museum de New York, évoque au sujet de l’œuvre de Misleidys Castillo Pedroso aussi bien la problématique du genre que la parenté formelle de celle-ci avec celle de Clemente. Mais plutôt que de nous renseigner sur l’intention réelle de Misleidys, cette analyse met en lumière la question de la réception, centrale lorsqu’il s’agit d’évoquer des œuvres d’art brut.
Préface : Karen Wong
Avant-propos : Christian Berst.
Publié à l’occasion de l’exposition Misleidys Castillo Pedroso : fuerza cubana #2, du 8 septembre au 6 octobre 2018.